Comme nous, le peuple anglais à butté lors d’un référendum sur sa classe dirigeante. Nous sommes encore enlisés par elle dans ce « refus de notre refus » , celui du NON en 2005, et lancés dans une guerre teigneuse autant que bloquée peuple v/s classe dirigeante. Les uns détruisant et s’accaparant tout ce qu’ils peuvent avant liquidation, les autres en rage impuissante, rêvant de ressortir la guillotine… Chez-nous, il semble que le conflit ne puisse trouver d’issue que dans la débauche de violence en gestation. On sait qui a tiré le premier, mais on ne sait pas encore qui tuera… Voilà l’étrange démocratie française.
Chez-eux le conflit a fait place à des épreuves à affronter en commun. Les Anglais (je dis les Anglais et non les Britanniques, parce que les Ecossais ne l’entendent pas de la même oreille), ont trouvé une autre voie, singulière. Mis au pied du mur d’une volonté populiste (comme ils disent) de ramener le pouvoir de décision à la maison, l’élite (et dans le cas de Boris Johnson, l’élite de l’élite) a retouvé une légitimité en intégrant la volonté populaire. Ils prennent acte, et partent à la tête de ce nouveau rêve, conservant le pouvoir et la confiance du peuple.
Frexit ?
Vous voulez tout de même croire en l’UE et en l’Euro ? Vous vous dites aussi que notre destin est continental et que nous n’avons pas les Etats-Unis comme partenaire. Vous oubliez la vocation universelle de la France, les mers, sa présence sur cinq continents, l’Afrique et le Maghreb, la francophonie, l’espace latin et méditerranéen, l’alliance Russe… Vous avez aussi une occasion de vous réjouir car les Anglais ont toujours été un frein à main mis en travers des projets collectifs. L’Union sans eux se donne une chance. Petit coup de pouce, leur langue, celle de l’Empire, ne sera plus majoritaire et on renforcera peut-être même notre auld alliance avec nos frangins Ecossais.
Vous ferez le tri des raisons bonnes ou mauvaises, sérieuses ou non, mais retenez l’essentiel. Il faudra à un moment parvenir à une synthèse des aspirations populaires et d’une élite capable de piloter le navire. L’exemple anglais nous dit que l’on peut, avec un peu d’intelligence, réaliser par un honorable compromis cette union avec soi-même et s’économiser une guerre civile. Il suffit d’avoir une classe dirigeante qui, au lieu de la matraquer, de l’éborgner, de l’humilier et de l’appauvrir, se propose de prendre à son compte la volonté du peuple souverain.
Une seule chose me chiffonne pourtant. Dopés par l’indépendance retrouvée, le XV à la Rose aura dimanche à coeur de la fêter dans le crunch face à des coqs divisés et dépressifs…